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Le Poetic Bazar

Seulement pour les fous

Un projet soutenu par le Ministère de la Culture et de la communication-DRAC Auvergne,

la région Auvergne et le Conseil général de la Haute-Loire.

Coproduction La Coloc de Cournon d'Auvergne.

L’éternité regarde le temps passer au Poetic Bazar.
Dans cet étrange repère, l’ennui pèse. Il ne se passe rien. Ou pas grand-chose. Aucune distraction ne vient égayer la fête, aucun client n’y amène avec lui le goût du malheur. Les suicidés qui en ont la charge ne cessent de mourir d’ennui. Il faut dire que l’entrée coûte la raison. Seulement pour les fous. Ce n’est pas faute d’avoir prévenu.


Comme souvent, il a marché longtemps. Sans autre destination qu’un ailleurs où il puisse enfin respirer. L’obscurité déguise ses peurs et la voilà qui rode en regardant le monde dormir. Au hasard d’une rue, ses yeux se posent sur quelques mots peints sur l’indifférence d’un mur décrépi. Seulement pour les fous. Comme dans son livre. Une coïncidence que seul un fou peut prendre au sérieux. Céleste entre. Juste un verre. Pour voir…


Mais personne ne se fait remarquer sans raison et surtout pas sans en payer le prix. Céleste était loin d’imaginer jusqu’où Le Poetic Bazar allait le conduire. L’enfance n’était pas sa destination et pourtant, le voilà replongé parmi ses fantômes. Confrontation nécessaire pour une âme malade. Le Poetic Bazar lui offre le luxe de mourir sans conséquence.

Ecriture et mise en scène de Rémi Pedevilla

Avec Céline Defaÿ, Samir Dib, Pierre-François Doireau, Anne Mino, Bonnafet Tarbouriech, Guillaume Tarbouriech

Régie : Lou-Anne Lapierre et Carl Simonetti

Création lumières : Stéphane Baquet

Costumes : Pascale Richy et le Chat botté

Musiques : Samir Dib

Vidéos : Karel Pairlmaure

Maquillages : Emilie Hua

 

 

Note d'intention

 

"Certaines lectures ont parfois d’insoupçonnés retentissements. Je me souviens du choc de ma rencontre avec l’absurde et L’étranger d’Albert Camus. Pour la première fois, une œuvre pouvait changer mon monde en changeant la perception sensible que je me faisais de celui qui m’entourait. Ces chocs sont rares, ce sont quelques instants hors normes qui portent en eux le germe d’une révolution que le sociologue, le psychiatre ou l’homme de théâtre qualifieraient de prise de conscience. Et lorsque le temps me laisse me retourner, je m’étonne toujours de la profondeur de l’impact qu’une telle rencontre provoque. Le Loup des Steppes d’Hermann Hesse fait partie de celles qui dévient les trajectoires. La mienne m’a conduite ici. En refermant ce livre, j’avais la sensation exaltante qu’il changeait quelque chose en moi et mettait sur mes convictions une empreinte tenace. Je pus reconnaître cette tendance à l’instabilité d’humeur et cette prise de distance au monde, qui m’apparaissait alors sous l’angle de son cynisme et de sa cruauté, d’une inhumanité extraordinairement quotidienne. Il ne s’agissait cependant que d’une sensation. C’est encore une lecture, quelques années plus tard, qui a éveillé les soupçons : ce mal-être intime, cette inadéquation au monde ne seraient-elles que le fruit d’une enfance maltraitée ? C’est une idée que défend Alice Miller dans Le drame de l’enfant doué. Ce fut un autre choc. Cette sensation qu’Hermann Hesse avait si bien décrite trouvait enfin une explication, une raison d’être psychologique : je ne devenais pas fou par hasard et il me fallait regarder mon histoire avec une lucidité retrouvée. J’ai refait la route par le seul chemin qui m’était accessible : l’inconscient et les souvenirs enfouis. « Le Poetic Bazar – Seulement pour les fous » n’aurait pas vu le jour sans cette démarche profondément intime d’une quête de soi. Mais n’aurait toutefois que peu d’intérêt s’il s’arrêtait au récit théâtralisé d’une histoire singulière.
J’ai par ailleurs la conviction qu’il existe une inquiétante similitude entre l’époque où Hermann Hesse écrivait Le Loup des Steppes et aujourd’hui. La boucherie de la grande guerre d’une part, et l’horreur de la « guerre » économique et de l’hystérie financière actuelle d’autre part, s’appuient sur la même vanité et le même cynisme du pouvoir, qui tendent à ôter toute valeur
à l’existence individuelle. Ainsi l’avenir nous parait-il forcément incertain, la Liberté prodigieusement inaccessible et l’histoire nécessairement inéluctable. Le fatalisme nous guette. Le choix s’offre à chacun : s’oublier ou se questionner. Les années vingt, les années folles, ont vécu la même schizophrénie de l’oubli et de la conscience. Pour cette raison, le Poetic bazar, en tant que structure du récit, puise son esthétique dans ces folles années et son essence visuelle dans la peinture d’Otto Dix, qui porte en elle l’hideux et le monstrueux qui conviennent au langage de l’inconscient des personnages du « cirque » de Céleste. "

 

Rémi Pedevilla

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